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Monday, July 28, 2025

Les liens entre l’UE et la Chine se distendent sous la pression commerciale de Trump

PoliticsLes liens entre l’UE et la Chine se distendent sous la pression commerciale de Trump

C’était censé être une fête. Mais à la veille d’une réunion des dirigeants européens et chinois à Pékin, jeudi, les attentes pourraient difficilement être plus faibles.

Après le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les espoirs étaient grands de voir Pékin et Bruxelles parvenir à une détente progressive. Le sommet UE-Chine de cette année, qui marque le 50e anniversaire des relations diplomatiques, devait en être le reflet. Six mois plus tard, les relations sont au plus bas.

“Les relations entre l’UE et la Chine sont de plus en plus tendues depuis six ou sept ans, et la scenario ne s’améliore pas”, observe Noah Barkin, senior fellow au German Marshall Fund, un assume tank transatlantique.

“Le sommet devrait souligner qu’en l’état des relations économiques et en l’état du soutien de la Chine envers la Russie, il y a eu très peu de progrès entre Bruxelles et Pékin.”

Alors qu’elle tente d’apaiser les relations avec Washington, le ton de la présidente de la Fee européenne, Ursula von der Leyen, à l’égard de Pékin est devenu de plus en plus dur. En réponse, la Chine a mis en garde contre la conclusion de tout accord business transatlantique qui nuirait à ses intérêts.

L’éléphant dans la pièce, en plus des conflits commerciaux : la guerre de la Russie contre l’Ukraine. Juste avant le sommet, l’UE a inscrit deux banques chinoises sur la liste de ses dernières sanctions contre la Russie, ce qui a conduit Pékin à exprimer son “vif mécontentement et son opposition résolue” à une mesure qu’elle a qualifiée de “choquante”.

Malgré ce ton plus sévère, l’eurodéputé néerlandais Bart Groothuis pense toujours que “l’UE traite la Chine avec trop de prudence”. Les restrictions de la Chine sur les exportations de matières premières essentielles en est un parfait exemple, a-t-il illustré à POLITICO, et exige une réponse sévère : “Il faudra riposter sur l’accès au marché”, plaide Bart Groothuis, qui siège à la fee du Commerce worldwide du Parlement européen.

Les irritants se multiplient : début juillet, Pékin a interdit les achats publics d’appareils médicaux européens, en représailles à la mise en place par Bruxelles de règles pour les appareils médicaux chinois. Ces mesures viennent s’ajouter à un différend persistant : l’imposition par l’UE de droits de douane sur les véhicules électriques fabriqués en Chine l’année dernière et les droits de douane imposés en représailles par Pékin sur les alcools européens.

L’organisation du sommet reflète à quel level les relations entre les deux superpuissances économiques sont devenues tendues. Tout d’abord, le président chinois Xi Jinping a snobé Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen António Costa au début de l’année en déclinant une invitation à venir à Bruxelles. Puis, le sommet, initialement prévu sur deux jours, a été raccourci à une seule journée.

Von der Leyen et Costa devraient rencontrer Xi Jinping dans la matinée jeudi pour une dialogue plus générale sur les relations entre l’UE et la Chine, d’après un responsable européen. Les dirigeants discuteront de géopolitique au cours du déjeuner, tandis qu’une réunion avec le Premier ministre Li Qiang portera sur l’économie et le commerce.

Comme lors des précédents sommets, il n’y aura pas de déclaration commune. Le ministère chinois des Affaires étrangères n’a confirmé officiellement la participation de Xi Jinping que lundi.

Au milieu des tirs croisés

Au début de l’année, Ursula von der Leyen avait adopté un ton inhabituellement conciliant à l’égard de Pékin, suscitant l’espoir prudent d’une réinitialisation diplomatique des relations de l’Union européenne avec l’empire du Milieu.

Dans un discours prononcé en février devant les ambassadeurs de l’UE, elle avait estimé que l’Union devait “engager un dialogue constructif avec la Chine”, ajoutant que “nous pouvons trouver des accords qui pourraient même élargir nos relations en matière de commerce et d’investissement”.

Le président chinois Xi Jinping a snobé Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen António Costa au début de l’année en déclinant une invitation à venir à Bruxelles. | Photograph de pool de Kirill Kudryavtsev/EPA

Cette ouverture a été saluée par Pékin, qui a cherché à nouer des liens avec l’Europe quand Donald Trump a ensuite augmenté les droits de douane à 145%. Lorsque la Chine a riposté en imposant des contrôles stricts sur les exportations de terres rares, l’Europe s’est retrouvée au milieu des tirs croisés.

Bien que le commissaire européen au Commerce, Maroš Šefčovič, ait négocié des procédures d’autorisation plus rapides, Pékin a refusé de lever les contrôles pour les entreprises de l’UE — qui continuent de tirer la sonnette d’alarme quant aux perturbations des chaînes d’approvisionnement de secteurs critiques.

“Pourquoi nous, en Europe, nous ne recevons pas de gallium si l’objectif est de frapper les Etats-Unis ?”, a interrogé Bart Groothuis. Le gallium est utilisé dans des functions militaires et dans de nombreux autres produits de haute technologie.

Il a indiqué que les autorités chinoises soumettaient les entreprises de l’UE qui demandent l’autorisation d’acheter du gallium et d’autres matériaux à des interrogatoires poussés : “Quelle quantité de gallium entre dans quel produit ? Qui est votre consumer ? Quel est votre inventory ? Ils sont tout simplement en prepare de planifier où ils pourront nous mettre la pression plus tard.”

Au Parlement européen, Bart Groothuis, membre du groupe Renew, a appelé à l’UE à “faire pression elle-même” sur l’accès au marché, les visas, les questions de migration et les marchés publics. Si l’Union n’est pas disposée à utiliser ce levier, a-t-il prévenu, “c’est comme si quelqu’un pissait dans votre botte et que vous vous disiez : ‘Ah, c’est sympa et chaud’”.

Peu de choses à offrir

Il est peu possible d’arriver à quelque selected avec le chef suprême de la Chine.

“La Chine a peu d’incitation à offrir à l’UE autre selected que les habituels positive factors faciles et sans effort”, tranche Francesca Ghiretti, directrice de la China Europe Initiative au sein du assume tank RAND.

“Pékin estime être en place de pressure, ayant obtenu une trêve temporaire avec les Etats-Unis plus rapidement et plus facilement que prévu, alors que l’UE reste engagée dans des négociations difficiles.”

Avant de se rendre à Pékin, Ursula von der Leyen et António Costa atterriront à Tokyo pour le lancement officiel d’une alliance UE-Japon qui lie plus étroitement les politiques industrielles des deux économies face à la surcapacité chinoise et aux droits de douane américains — un sign que Bruxelles espère que Pékin ne manquera pas.

Parmi les rares résultats attendus du sommet determine une rumeur de commande d’avions de ligne Airbus. En l’absence d’annonces sur le commerce et la sécurité, les deux events espéraient signer un communiqué commun sur le climat, mais il est peu possible que cela se produise.

Un responsable européen confie que le sommet avec la Chine sera considéré comme un succès “si nos homologues reconnaissent et comprennent nos préoccupations”, par exemple sur la surproduction et la concurrence déloyale à l’échelle mondiale. “Il leur appartiendra alors de réagir.”

Cet article a d’abord été publié par POLITICO en anglais et a été édité en français par Jean-Christophe Catalon.

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