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Wednesday, September 17, 2025

Climat : le roi Charles alertera Trump, qui ne l’écoutera probablement pas

PoliticsClimat : le roi Charles alertera Trump, qui ne l’écoutera probablement pas

LONDRES — C’était en juin 2019 : le président des Etats-Unis prenait le thé avec le futur roi britannique.

La rencontre entre Donald Trump et le prince Charles devait durer quinze minutes. Elle s’est prolongée pendant une heure et demie.

Le New-Yorkais avait du mal à en placer une. Charles est celui qui a “le plus parlé”, avait relaté le président à un intervieweur télé le lendemain de leur rencontre.

Un thème avait alors dominé leur échange. “Il est…” commentait Trump, hésitant un immediate, “… il est vraiment passionné par le changement climatique”.

Sans une motion globale sur le climat, écrivait Charles en 2010, le monde est “au bord d’un désastre potentiel”. A la résidence royale londonienne de Clarence Home, lors de la première visite d’Etat de Donald Trump au Royaume-Uni, Charles avait décidé de s’exprimer au nom de la planète.

Six ans plus tard, le décor est planté pour que Charles, devenu roi, tente à nouveau d’influencer le président. Un Donald Trump différent du premier mandat — plus audacieux, plus provocateur et toujours aussi destructeur pour les efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique — se dirige vers le Royaume-Uni pour une deuxième visite d’Etat sans précédent et pour une nouvelle rencontre avec le roi. Ils se verront au château de Windsor mercredi.

Entre les deux visites, alors que les événements climatiques extrêmes, les incendies de forêt et les inondations sont de plus en plus souvent attribués au changement climatique, les convictions de Charles n’ont fait que se renforcer, affirment ceux qui le connaissent bien.

“Son level de vue n’a pas changé et ne changera pas. En fait, je pense qu’il le ressent, probablement, plus fortement que jamais”, a déclaré l’animateur Jonathan Dimbleby, ami et biographe du roi. “Il me semble donc évident qu’il considérerait l’angle du président Trump à l’égard du changement climatique et de l’environnement comme potentiellement calamiteuse.”

Mais les enjeux sont plus importants pour le roi en 2025 qu’en 2019. La réunion représente une opportunité de lobbying extraordinaire pour un monarque qui a passé sa vie à déployer une “tender energy” au service de causes environnementales qui lui sont chères. Mais maintenant qu’il est chef d’Etat, toute dialog ouvertement politique sur le changement climatique risque de mettre à l’épreuve l’accord constitutionnel entre le gouvernement et le monarque au Royaume-Uni.

Selon le constitutionnaliste Craig Prescott, Charles a le devoir de “soutenir le gouvernement [élu] en place dans ce qu’il veut accomplir en matière de relations extérieures”.

Et “au sens massive”, a-t-il ajouté, “cela signifie ‘gagner les faveurs de Trump’”.

La rencontre entre Donald Trump et le prince Charles devait durer quinze minutes. Elle s’est prolongée pendant une heure et demie. | Photograph de pool par Toby Melville by way of Getty Photographs

L’accent mis par le Parti travailliste sur une transition écologique ambitieuse donne au roi une certaine marge de manœuvre pour s’exprimer en faveur d’une motion climatique internationale. Jonathan Dimbleby et Ian Skelly, ex-plume de Charles qui a coécrit son livre Concord en 2010, s’attendent tous deux à ce quele roi le fasse.

“Je serais étonné si, lors de cette rencontre, comme lors de la précédente, il ne soulevait pas la query du changement climatique et de la biodiversité à chaque fois qu’il a l’event de parler en privé à Trump”, a confié Jonathan Dimbleby.

Le roi sera “diplomate”, a-t-il ajouté, et respectera son “devoir constitutionnel” en évitant de “dire quoi que ce soit qui permette à Trump de penser qu’il y a l’épaisseur d’un papier à cigarettes entre lui et le gouvernement britannique. […] Mais il n’évitera pas le sujet. C’est trop essential pour lui.”

“Il sait exactement où sont les limites”, a assuré Ian Skelly. “Il ne va pas commencer à taper sur la desk ou quoi que ce soit d’autre. […] Il exposera ses préoccupations en termes généraux, je n’en doute pas, et mettra peut-être en garde la personne la plus puissante du monde contre les risks de l’inaction.”

Buckingham Palace et Downing Road ont refusé de répondre à la query de savoir si le roi évoquerait les enjeux climatiques avec Donald Trump ou si cette query avait été abordée lors des préparatifs de la visite d’Etat.

Avez-vous lu mon livre, Monsieur le Président ?

Depuis ce thé à Clarence Home, le président américain n’a montré aucun signe que les supplications de Charles sur la planète ont eu un quelconque effet. (Et elles n’avaient pas eu beaucoup d’effet à l’époque, selon le récit d’une personne au fait du sujet. Dans ses mémoires, Stephanie Grisham, ancienne attachée de presse de la Maison-Blanche, écrit que Trump s’est plaint que la dialog “avait été horrible” : “‘Rien d’autre que le changement climatique’, a-t-il grommelé en levant les yeux au ciel.”)

Les Etats-Unis se sont une nouvelle fois retirés de l’Accord de Paris sur le climat. Le ministère de l’Energie américain a nié les données scientifiques établies sur le climat. Les entreprises et les investisseurs américains spécialisés dans les énergies fossiles — dont certains ont aidé Trump à se faire élire — ont été invités à “Forer, bébé, forer” (“drill, child, drill” en anglais).

Les Etats-Unis ayant abandonné le fight, les probabilities du monde d’éviter les conséquences les plus graves du changement climatique ont pris un sérieux coup.

Charles, quant à lui, est de plus en plus convaincu que le changement climatique, s’il n’est pas maîtrisé, provoquera des “catastrophes inévitables”, comme il le dit dans Concord, son cri de cœur pour la sauvegarde de la planète.

Jonathan Dimbleby a prédit que, cette fois-ci, une manière subtile pour le roi de faire valoir son level de vue serait d’offrir à Donald Trump un exemplaire de ce livre — un traité sur l’écologie, la sagesse traditionnelle et la durabilité qui diagnostique “un vide spirituel” dans les sociétés modernes, un vide qui a “ouvert la voie à ce que beaucoup de gens considèrent comme une focalisation extreme sur soi”.

“Je suis sûr que [le roi] ne laissera pas [Trump] s’en aller avant de lui en donner une copie”, a déclaré Jonathan Dimbleby. Le président chinois (et principal rival géopolitique de Trump) Xi Jinping en a déjà une copie, d’après Ian Skelly.

Mais cette rencontre intervient à un second où le Premier ministre Keir Starmer — coincé politiquement par la nécessité de garder les Etats-Unis de son côté pour le bien du commerce, de l’Ukraine et de la sécurité européenne — a évité de critiquer ouvertement les attaques de l’administration Trump contre la science du climat ou sa ardour pour les énergies fossiles.

Son gouvernement ne voudra pas que le roi dise ou fasse quoi que ce soit qui perturbe les relations transatlantiques. Même lorsque le président américain, assis à côté de Keir Starmer, a dénigré l’énergie éolienne — le principal pilier des plans de décarbonation du Royaume-Uni — lors d’une visite en juillet sur son terrain de golf de Turnberry, en Ecosse, le Premier ministre n’a pas cherché à se défendre, se contentant d’insister discrètement sur le fait que le Royaume-Uni recherchait un “combine” de sources d’énergie.

Si Trump recommence à s’en prendre aux éoliennes quand il discutera avec le roi, il pourrait recevoir une réponse (un peu) plus ferme, a anticipé Ian Skelly. “La réponse sera : ‘Que pouvons-nous faire d’autre sans détruire la Terre ?’ C’est la query qu’il posera, j’think about.”

Remark parler du climat à Trump

Certains de ceux qui ont travaillé avec Trump pensent, qu’en raison de la place distinctive qu’occupent la Grande-Bretagne et la famille royale dans sa imaginative and prescient du monde, Charles a plus de probabilities que d’autres d’obtenir une oreille attentive de la half du président américain.

“Le président Trump ne va pas devenir un écologiste en buvant une tasse de thé avec le roi. Mais je pense qu’il l’écoutera à coup sûr — d’une manière qu’il ne ferait peut-être pas avec d’autres personnes”, a commenté Michael Martins, fondateur du cupboard Overton Advisory, qui était un spécialiste politique et économique à l’ambassade des Etats-Unis à Londres lors de la dernière visite d’Etat.

“Il aime l’apparat. Il aime l’side visuel de la selected. […] En parlant avec un roi, Trump aura l’impression d’être sur un pied d’égalité. Il l’écoutera davantage que s’il s’agissait, je ne sais pas […] d’Ed Miliband”.

Donald Trump a même déclaré son “amour” pour Charles.

Son admiration pour la famille royale vient de sa mère. Née en Ecosse, Mary Anne Trump “aimait la reine”, a confié le locataire de la Maison-Blanche en juillet. Le président, obsédé par l’audimat, semble considérer la défunte monarque comme la star ultime de la télévision. “Chaque fois que la reine passait à la télévision, [ma mère] voulait la regarder”, a-t-il raconté lors de sa visite à Turnberry en juillet.

Le roi pourrait également bénéficier d’un lien émotionnel avec la Première dame Melania Trump. Elle était présente à la réunion de 2019 et s’est assise à côté de Charles lors du banquet d’Etat cette année-là. Dans ses mémoires de 2024, Melania déclare qu’ils “ont eu une dialog intéressante sur son engagement profond en faveur de la préservation de l’environnement”.

Elle et Trump “échangent des lettres avec le roi Charles encore aujourd’hui”, a écrit Melania.

Prendre le thé au bout du monde

Le roi aura de nombreuses events de faire valoir son level de vue.

Une visite d’Etat offre au monarque et au président “pas mal de temps pour parler”, souligne un ancien haut responsable du gouvernement britannique, à qui l’anonymat a été garanti pour parler des membres de la famille royale et de leurs relations avec le gouvernement.

Il y aura un banquet d’Etat et au moins une réunion privée entre les deux, ajoute notre supply. Charles pourrait également glisser quelques formules choisies dans le discours qu’il prononcera lors du banquet.

Le principal allié politique de Trump au Royaume-Uni est Nigel Farage, dont le parti antineutralité carbone Reform UK est actuellement en tête des sondages. | John Keeble/Getty Photographs

Le roi reçoit régulièrement des paperwork du ministère des Affaires étrangères pour le briefer. A l’approche de la réunion, la même supply a suggéré qu’il pourrait être en practice de réfléchir à la manière de combiner l’engagement d’une vie avec ces briefs, afin de saisir l’opportunité de faire pression sur un président.

“Il lira ses paperwork de politique étrangère avec un intérêt encore plus marqué que d’habitude. Il se demandera probablement s’il peut présenter ses arguments à Trump de manière à l’inciter — un peu — à s’engager activement dans la lutte contre le changement climatique”, think about l’ancien haut responsable gouvernemental.

“Il ne dira pas : ‘Vous, l’Amérique, devriez faire des choses.’ Il dira : ‘Au niveau worldwide, je pense qu’il est essential que nous fassions des progrès dans ce domaine et que nous soyons plus ambitieux.’ Ou il pourrait aussi exprimer son inquiétude quant à l’affect du changement climatique sur les températures mondiales et tous ces événements climatiques extrêmes.”

Quelle que soit la manière dont il l’aborde, 2019 a montré à quel level il est difficile de faire bouger les choses.

Après cette dialog, Donald Trump a dit à l’animateur Piers Morgan qu’il trouvait le level de vue de Charles “tremendous” et qu’il l’avait “vraiment écouté”. Mais il a ensuite démontré que, sur les factors cruciaux, à savoir les effets des énergies fossiles, des émissions de carbone et du changement climatique sur la planète, il ne l’avait absolument pas écouté.

“Il veut s’assurer que les générations futures bénéficient d’un bon climat, et non d’un désastre”, a rapporté Donald Trump. “Et je suis d’accord”, a-t-il ajouté, avant de faire une digression sur le fait que les Etats-Unis ont une eau “propre comme du cristal”.

C’était une façon de semer la confusion typique de Trump. Interrogé sur les opinions du roi lors de sa visite à Turnberry, Donald Trump a déclaré : “Chaque fois que je l’ai rencontré, il a parlé de l’environnement, de son significance. Je suis tout à fait pour. Je pense que c’est tremendous.”

Presque au même second, il s’est emporté contre l’énergie éolienne, qu’il a qualifiée de “désastre”.

Bonne likelihood

“Il est difficile, voire inconceivable, que [Trump] change d’avis sur le changement climatique, automotive ses positions ne sont pas fondées sur sa compréhension de la science ou des conséquences, mais plutôt sur de la politique pure et dure”, a considéré par mail Michael Mann, éminent climatologue américain.

Et Donald Trump arrivera préparé à la rencontre, a anticipé Michael Martins, l’ancien professional de l’ambassade des Etats-Unis.

“Trump recevra un briefing complet sur les opinions du roi en matière d’environnement. Il ne s’y rendra pas à l’aveugle. Il saura exactement ce que le roi a dit au cours de sa carrière, quelles sont ses opinions à ce sujet et remark cela affecte les intérêts américains. Je ne m’attends pas à ce qu’il soit surpris par quoi que ce soit que le roi dise.”

Il a ajouté : “S’en prendre à la neutralité carbone et au président Biden […] permet à [Trump] de remporter des victoires politiques.”

Pour les détracteurs britanniques de longue date de Charles, tout cela met en évidence l’inutilité de sa place.

Donald Trump a même déclaré son “amour” pour Charles III. | Photograph de pool par Richard Pohle by way of Getty Photographs

“Il est lié par ces attentes constitutionnelles selon lesquelles il ne doit rien faire qui puisse perturber [les relations entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis]”, a critiqué Graham Smith, directeur général de Republic, qui appelle à l’abolition de la monarchie. “S’il était élu, il aurait beaucoup plus de liberté pour dire ce qu’il veut vraiment.”

“Le tender energy est un idea très discutable”, a-t-il poursuivi. Il n’est utile, selon lui, que lorsqu’il est soutenu par quelque selected dont Charles est dépourvu et que Trump possède à profusion : le “laborious energy”.

Et le temps est peut-être compté pour que Charles déploie même un tender energy dans la lutte contre le changement climatique.

Le principal allié politique de Trump au Royaume-Uni est Nigel Farage, dont le parti antineutralité carbone Reform UK est actuellement en tête des sondages. Si les électeurs britanniques choisissent cette formation politique lors des prochaines élections, le plaidoyer potentiel de Charles sera limité par un gouvernement opposé à toute motion en matière de changement climatique.

Jusqu’où Charles ira-t-il pour saisir sa likelihood ?

Dans Concord, il écrivait : “Si nous continuons à nous laisser duper par le vacarme de plus en plus irresponsable des voix sceptiques qui doutent du changement climatique d’origine humaine, il sera bientôt trop tard pour inverser le chaos que nous avons contribué à déclencher”. Il craignait de “manquer à mon devoir envers les générations futures et la Terre elle-même” s’il ne s’exprimait pas.

Ian Skelly, l’ancienne plume qui a coécrit le livre, a prévu que Charles marcherait sur une ligne diplomatique délicate, mais qu’il n’était “pas quelqu’un qui reste les bras croisés ou qui reste silencieux”.

“Il y a 30 ans, il mettait en garde contre ces problèmes, mais personne ne l’écoutait. […] Il se despatched de plus en plus frustré par le fait que le temps presse.”

“J’aimerais être une petite souris, parce que ce sera une dialog fascinante.”

Cet article a d’abord été publié par POLITICO en anglais et a été édité en français par Jean-Christophe Catalon.

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