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Friday, June 27, 2025

La gauche peut-elle (vraiment) perdre Paris ?

PoliticsLa gauche peut-elle (vraiment) perdre Paris ?

Le week-end dernier, un sondage réalisé par le cupboard Elabe et publié par La Tribune Dimanche a fait grand bruit dans les cercles politiques parisiens.

Pas seulement parce qu’il présentait Rachida Dati comme la favourite pour succéder à Anne Hidalgo, avec 28% à 34% d’intentions de vote* selon les configurations testées, après bientôt vingt-cinq années de mainmise socialiste sur l’Hôtel de Ville de la capitale.

Mais surtout parce que l’électorat de gauche y apparaissait divisé en trois blocs, à quasi elements égales — socialiste, Ecologiste, Insoumis — avec quelques nuances, là encore, selon les configurations. Plus surprenant : le candidat Ecologiste, David Belliard, se trouve en tête des trois partis dans la majorité des cas de determine, avec 17% à 22% d’intentions de vote (à noter que la candidature du communiste Ian Brossat n’était, elle, pas testée).

Une scenario inédite que s’est empressé de relever le reste de la presse dans les jours qui ont suivi (par ici ou par là).

Que cette enquête d’opinion soit confirmée par les suivantes ou pas — et bien que ces sondages soient par nature à prendre avec des pincettes dans un scrutin oblique et par arrondissements —, elle aura produit son effet : alors que le PS s’apprête à désigner son candidat (through une élection interne prévue le 30 juin), l’hégémonie socialiste au sein du bloc de gauche n’est plus considérée comme acquise.

La gauche en hausse

Le rapport de drive politique interne et la query des alliances à gauche seront d’autant plus clés que la réalité sociologique et électorale de la capitale contredit l’idée que Rachida Dati, si elle était désignée candidate de la droite et du centre — ce qui doit encore être discuté le 9 juillet du côté de Renaissance, comme l’a révélé POLITICO —, serait en place de drive.

C’est ce que montre, chiffres à l’appui, le cupboard de conseil Spin & Technique, dans une étude portant sur les résultats des trois dernières élections nationales à Paris (présidentielle de 2022, européennes et législatives de 2024) et à laquelle POLITICO a eu accès. Celle-ci montre que le “bloc de gauche” — du PS à La France insoumise — est non seulement majoritaire en réservoir de voix, mais bénéficie d’une forte dynamique en sa faveur.

Le poids du bloc de gauche a nette augmenté entre la présidentielle et les européennes, principalement porté dans ses bastions historiques du Nord et de l’Est parisien, mais aussi avec une development dans des arrondissements du Sud, tels que le 12e et le 14e, gérés par des élus EELV-Génération.s depuis 2020.

Aux européennes, la gauche (dans son ensemble, toujours) représentait carrément près du double des voix du bloc de droite, lui-même confronté à une poussée inédite de l’extrême droite — qui, en théorie, se trouve en place de décrocher pour la première fois un ou des sièges au Conseil de Paris.

Au premier tour des législatives, un mois plus tard, le rapport gauche-droite apparaît toutefois plus équilibré. Mais cela s’explique par le fait que la désignation par le Nouveau Entrance populaire de plusieurs candidats LFI a poussé une partie des votants de certains quartiers à l’électorat de gauche modéré à se tourner vers la droite ou les macronistes, après avoir soutenu la liste PS-Place publique aux européennes.

Le macronisme en baisse

Certes, le rejet des politiques menées par Anne Hidalgo dans les arrondissements bourgeois et de l’ouest de la capitale est très marqué, et Rachida Dati, forte de sa grande notoriété, incarne à elle seule l’opposition la plus farouche à la maire sortante.

Dans une étude publiée avec la Fondation Jean-Jaurès, Cluster 17 analysait récemment le phénomène de cette forte polarisation de plusieurs grandes villes dirigées par la gauche, dont Paris est l’exemple le plus parfait : “bobos de gauche à vélo” vs “beaufs de droite en 4×4”.

Mais ce rejet ne compense pas en proportion la désertion des anciens électeurs macronistes des quartiers centraux de la ville, qui, pour beaucoup, se sont tournés vers la gauche : ainsi, le “bloc de droite”, tel qu’il est présenté dans l’étude — l’alliance de la droite et des macronistes, donc, qu’on pourrait aussi appeler “socle commun” —, a perdu jusqu’à 20 factors en deux ans dans le Marais ou des arrondissements “swing”, comme le 5e et le 9e.

Autre clé de lecture importante : aux législatives toujours, les candidats LFI ont bénéficié d’un surcroît de participation par rapport aux européennes (+17% en moyenne) dans les quartiers populaires allant de la porte de Clignancourt au nord à la porte de Bagnolet à l’est, ou de la porte de Vanves à la porte d’Ivry plus au sud.

Si cette forte participation se confirmait aux municipales — ce qui est loin d’être une évidence dans une élection locale —,elle pourrait se révéler être un sérieux problème politique pour la gauche.

La clé des alliances

La majorité sortante actuelle, emmenée par le PS, a en effet toujours refusé de s’associer aux mélenchonistes à Paris. Sur un plan stratégique, ce n’est pas sans risque, avec la nouvelle donne : “Qu’est-ce qui va se passer si LFI vire en tête dans les 18e, 19e et 20e arrondissements ?” interroge Jean-Yves Dormagen, président de Cluster 17, contacté par POLITICO. “Peuvent-ils accepter de fusionner les listes en étant derrière LFI ? S’ils ne le font pas, ils offriront le prétexte parfait à LFI pour se maintenir dans le 12e et le 14e, ce qui pourrait offrir la victoire à la droite dans ces arrondissements…”

En outre, les mélenchonistes restent forts même sans une participation importante des quartiers populaires, automobile leur électorat ne “se résume pas à une sociologie populaire”, souligne Dormagen. Le vote Insoumis est aussi issu des “lessons moyennes, voire lessons moyennes supérieures”, précise-t-il encore : “Ce qui fait la drive de La France insoumise, c’est l’électorat bobo. Ce sont souvent des diplômés, très progressistes, sensibles au sujet de la Palestine ou à celui de l’écologie, demandeurs de rupture et en partie radicalisés par le fait que la ville est difficilement liveable par eux pour des raisons économiques.”

L’Ecologiste David Belliard, conscient de ce risque, plaide en faveur d’un rapprochement dès le premier tour, tout comme la secrétaire nationale du parti, Marine Tondelier (à l’inverse de l’ancien candidat à la présidentielle Yannick Jadot).

“La seule vraie query, c’est la division de la gauche”, résume le président de Cluster 17. Reste que le socle commun lui aussi peut souffrir de ses divisions, comme le montrait le sondage Elabe de la semaine dernière : le candidat Horizons Pierre-Yves Bournazel est à ce stade crédité de 8% d’intentions de vote, qu’il prend essentiellement à Rachida Dati, elle-même de plus en plus fragilisée du côté des militants Renaissance à trigger du risque judiciaire qui pèse sur elle et de ses saillies récentes.

Reste un motif d’espoir pour la candidate putative du socle commun : Rachida Dati espère qu’un changement du mode de scrutin peut la faire gagner. C’est la raison pour laquelle elle soutient la réforme de la loi Paris-Lyon-Marseille, actuellement en pleine navette parlementaire, et à laquelle le Sénat, notamment, s’oppose — bien qu’à majorité LR.

L’affaire est loin d’être dans le sac, mais si celle-ci était adoptée et promulguée à temps pour les élections 2026, permettant aux Parisiens de voter directement pour les conseillers de leur mairie centrale (les détails de la proposition de loi sont ici), cela pourrait, pense-t-elle, lui être favorable, la notoriété des candidats jouant un rôle plus necessary. Et avec une bonne dynamique de campagne.

(*) Echantillon de 1 206 personnes, représentatif de la inhabitants résidente de Paris âgée de 18 ans et plus, dont 1 097 inscrits sur les listes électorales de Paris. Interrogation par web du 6 juin au 16 juin 2025. La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et arrondissements. Pour les questions d’intention de vote, seules les personnes inscrites sur les listes électorales de Paris et ayant l’intention d’aller voter sont prises en compte. Marge d’erreur comprise entre 1,3 et 3,5 factors de pourcentage.

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